« Ce qui se passe en ce moment avec l’agriculture en France, c’est un énorme plan social, le plus gros plan social à l’œuvre à l’heure actuelle, mais c’est un plan social secret. » Cette citation date de 2019. Elle est tirée du roman Sérotonine de Michel Houellebecq. Qu’on aime ou non l’écrivain, force est de constater qu’il n’a pas tort…
Le gouvernement, via Agreste, le service statistiques du ministère en charge de l’Agriculture, a publié en décembre les chiffres du recensement agricole. Et c’est peu de le dire, ils font frémir. La France a perdu 100 000 exploitations entre 2010 et 2020. Elles ne sont plus que 389 000… Cette baisse représente 20 % ! En dix ans ! Et en 2000, on comptait un peu plus de 600 000 exploitations.
Leur taille continue d’augmenter. Et seules les plus grandes semblent tirer leur épingle du jeu : les grandes exploitations (SAU moyenne de 136 hectares), dégageant plus de 250 000 euros par an de production brute standard (PBS), sont les seules dont le nombre augmente en 2020 (+ 3,4 %). Elles représentent désormais une exploitation sur cinq et cultivent presque 40 % du territoire agricole (7 % de plus qu’en 2010).
Toutes les autres catégories (micro entreprises, petites et moyennes) diminuent.
Il n’y aurait donc qu’une seule façon de faire de l’agriculture pour nos dirigeants : avoir une grosse exploitation ? Quid de l’élevage, du maraîchage, de la viticulture, de l’arboriculture, dans lesquels les exploitations sont souvent de taille modeste ? Bien sûr, il n’y a pas que la taille des exploitations qui rentre en jeu. La viabilité économique est essentielle.
Mais on peut douter qu’un seul modèle, celui dit « extensif », puisse répondre à tous les cas de figure, notamment lorsqu’il s’agit de combattre les maladies, de lutter contre les résistances, ou de trouver des moyens « alternatifs » de cultiver.
On sait également aujourd’hui qu’en termes de biodiversité et de façonnage des paysages, l’agriculture a un rôle essentiel à jouer. Comment pourrait-elle le remplir alors que tout est fait pour favoriser de grandes surfaces remembrées ?
C’est pourquoi, moi, fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’agriculteurs, etc., j’en ai ras-le-bol de voir les exploitations agricoles disparaître.
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