Vous lisez avec passion notre série Fiction et trépignez à l’idée de savoir comment tout cela va finir ? Si ce n’est pas encore le cas, foncez découvrir l’avenir (imaginé) d’une France sans phyto !
Mais on le sait, la réalité rattrape parfois la fiction, et certains pays tentent vraiment, par exemple, de passer au 100 % bio. Exemple avec le Sri Lanka.
En avril 2021, le gouvernement sri lankais décidait d’interdire l’importation de pesticides et d’engrais chimiques (pour réaliser 350 millions d’euros d’économies) et de passer à une agriculture totalement bio. Si la plupart des agriculteurs soutenait ce changement, nombre d’entre eux s’inquiétaient : insuffisamment formés, pas équipés correctement, comment parviendraient-ils à relever le défi ?
Dès octobre, les récoltes de thé (exportation principale) ont chuté de 30 à 40 %, celles de riz (aliment de base) de moitié.
Pour le professeur au département de recherche agronomique Buddhi Marambe, cité par RFI : « Passer au tout bio est impossible car nous ne disposons pas de suffisamment d’engrais organiques pour accompagner cette transition. Là est le problème. »
Face à ces difficultés (associées à d’autres car le pays est en crise), le gouvernement a fait volte-face et a commencé à réimporter, notamment du sulfate d’ammonium, au bout de sept mois.
Le Sri Lanka n’est pas le seul État à se heurter à des difficultés. Le Bouthan et l’État indien du Sikkim expérimentent eux aussi le 100 % bio.
Le Bouthan souhaitait, lui aussi, dès 2012, passer au 100 % bio pour 2020. En 2020, l’échéance a été reportée à 2035. Aujourd’hui, le pays n’est pas autosuffisant et importe 50 % de ses besoins nationaux en riz.
L’État du Sikkim, au nord de l’Inde, qui utilisait très peu de produits chimiques, a lancé sa production en bio dès 2003 et est devenu 100 % bio en 2013. Néanmoins, l’auto-suffisance n’est pas atteinte et le Sikkim importe une grande partie de son alimentation… en non bio (on y consommait 87 750 tonnes de riz par an en 2017–2018 pour une production d’à peine 17 640 tonnes).
Enfin, le Sikkim compte 610 000 habitants et le Bouthan 782 318, soit des « laboratoires du 100 % bio » de la taille de Marseille.
À la #PositiveProduction, on n’est évidemment pas contre le passage au bio. Notre série Fiction et l’exemple du Sri Lanka montrent qu’il n’est pas simple d’effectuer de grands changements sans les préparer (ce que disent également les professionnels). Les cas du Bouthan (train) et de l’État du Sikkim prouvent que, même à petite échelle, atteindre l’autosuffisance en étant 100 % bio n’est pas simple non plus. Et vous, qu’en pensez-vous ?
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