À quelques semaines des élections présidentielles, les agriculteurs tiennent à se faire entendre. Ils auraient bien tort de s’en priver. Si leur situation empire, ils bénéficient d’une bonne image et du soutien de leurs concitoyens. Les manifestations qui fleurissent ces jours-ci sont un excellent moyen pour se faire entendre et se faire comprendre.
Hier mercredi 16, des agriculteurs des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse et du Gard ont manifesté à l’appel des Jeunes agriculteurs et de la FNSEA. Augmentation des prix du GNR, des engrais, de l’électricité… Prix déséquilibrés avec la grande distribution. Il existe un important ras-le-bol chez les agriculteurs.
Mardi soir, c’était devant la préfecture de la Sarthe, au Mans, que deux cents agriculteurs avaient décidé de se retrouver. À l’initiative des JA et de la FDSEA, ils souhaitaient mettre la pression sur l’État pour que la loi Egalim 2 soit mieux contrôlée (à la clé, une meilleure rémunération pour eux).
Quoi de mieux, pour revendiquer, que de s’en prendre à des endroits hautement symboliques ? Ainsi, en Haute-Garonne, c’est la raffinerie de pétrole de Lespinasse que les JA ont appelé à bloquer aujourd’hui. Un sacré symbole. Le syndicat en a profité pour rappeler que le GNR coûtait 0,80 euros le litre hors taxes fin mars 2021. Le 10 février de cette année, il était passé à 1,14 euros, soit environ 40 % d’augmentation en moins d’un an. Selon Climagri France, la facture en GNR peut atteindre 20 % des charges d’exploitation !
En 2020, le baromètre d’image Ifop pour Ouest France indiquait que les Français ont confiance en leurs agriculteurs, à 74 % ! Ils les trouvent « modernes » (65 %), « respectueux de la santé » (64 %), « soucieux du bien-être animal » (68 %), « respectueux de l’environnement » (55%), « compétitifs » (54 %) ! Une image plus que positive.
D’autant que 72 % de nos concitoyens sont prêts à « payer plus cher les produits agricoles pour assurer un revenu correct aux agriculteurs ». Non, messieurs-dames de la grande distribution, pas « à payer plus cher » tout court ! Prêts à payer plus cher « pour assurer un revenu correct aux agriculteurs », qui sont sur la bonne voie pour se faire entendre et pour se faire comprendre.