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Le biocontrôle : un allié pour l’environnement ?

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Face aux pré­oc­cu­pa­tions gran­dis­santes concer­nant l’im­pact des pes­ti­cides sur la san­té humaine et l’en­vi­ron­ne­ment, le bio­con­trôle émerge comme une alter­na­tive pro­met­teuse. Mais cette solu­tion, qui s’ap­puie sur des méca­nismes natu­rels pour lut­ter contre les rava­geurs des cultures, est-elle réel­le­ment res­pec­tueuse de l’en­vi­ron­ne­ment ? Exa­mi­nons ses effets sur la bio­di­ver­si­té, les éco­sys­tèmes et la qua­li­té de l’eau pour éva­luer son impact envi­ron­ne­men­tal global.

Le biocontrôle : une définition

Le bio­con­trôle uti­lise des orga­nismes vivants (insectes, cham­pi­gnons, bac­té­ries) ou des sub­stances natu­relles (extraits de plantes, phé­ro­mones) pour régu­ler les popu­la­tions de rava­geurs des cultures. Il s’ap­puie sur des méca­nismes natu­rels comme la pré­da­tion, le para­si­tisme, la com­pé­ti­tion ou la sti­mu­la­tion des défenses natu­relles des plantes.

Impact sur la biodiversité : un effet globalement positif

Contrai­re­ment aux pes­ti­cides de syn­thèse qui ont un large spectre d’ac­tion et peuvent affec­ter de nom­breux orga­nismes non ciblés, le bio­con­trôle est géné­ra­le­ment plus spé­ci­fique. Il cible un rava­geur ou un groupe de rava­geurs pré­cis, limi­tant ain­si les effets sur la biodiversité.

- pré­ser­va­tion des auxi­liaires de culture : le bio­con­trôle pré­serve les insectes auxi­liaires, pré­da­teurs natu­rels des rava­geurs, qui jouent un rôle essen­tiel dans la régu­la­tion des popu­la­tions d’in­sectes nui­sibles. Une étude publiée dans la revue “Bio­lo­gi­cal Control” a mon­tré que l’u­ti­li­sa­tion de tri­cho­grammes (petites guêpes para­si­toïdes) pour lut­ter contre la pyrale du maïs per­met­tait de pré­ser­ver les popu­la­tions de coc­ci­nelles, auxi­liaires impor­tants pour la régu­la­tion des puce­rons (source : “Conser­va­tion bio­lo­gi­cal control with the para­si­toid Tri­cho­gram­ma bras­si­cae”, Bio­lo­gi­cal Control, 2008).

- favo­ri­ser la bio­di­ver­si­té des sols : cer­tains pro­duits de bio­con­trôle, comme les cham­pi­gnons myco­rhi­ziens, amé­liorent la san­té des sols et favo­risent la bio­di­ver­si­té microbienne.

 

Impact sur les écosystèmes : des effets indirects à prendre en compte

Si le bio­con­trôle a géné­ra­le­ment un impact direct limi­té sur les éco­sys­tèmes, il est impor­tant de consi­dé­rer ses effets indirects :

- risque de per­tur­ba­tion des équi­libres éco­lo­giques : l’in­tro­duc­tion d’un nou­vel orga­nisme dans un éco­sys­tème, même s’il est d’o­ri­gine natu­relle, peut poten­tiel­le­ment per­tur­ber les équi­libres éco­lo­giques exis­tants. Il est donc cru­cial d’é­va­luer les risques poten­tiels avant toute uti­li­sa­tion à grande échelle.

- déve­lop­pe­ment de résis­tances : comme pour les pes­ti­cides de syn­thèse, l’u­ti­li­sa­tion répé­tée d’un même agent de bio­con­trôle peut conduire au déve­lop­pe­ment de résis­tances chez les rava­geurs. Il est donc impor­tant de diver­si­fier les méthodes de lutte et d’a­dop­ter des stra­té­gies de ges­tion inté­grée des ravageurs.

 

Impact sur la qualité de l’eau : un risque de contamination limité

Com­pa­ré aux pes­ti­cides de syn­thèse, le bio­con­trôle pré­sente un risque de conta­mi­na­tion de l’eau géné­ra­le­ment plus faible. Les sub­stances natu­relles uti­li­sées sont sou­vent moins per­sis­tantes dans l’en­vi­ron­ne­ment et se dégradent plus rapi­de­ment. Cepen­dant, cer­taines pré­cau­tions sont nécessaires :

- risque de conta­mi­na­tion par les auxi­liaires de culture : l’u­ti­li­sa­tion d’auxi­liaires de culture peut entraî­ner une conta­mi­na­tion de l’eau si ces orga­nismes se retrouvent dans les cours d’eau. Il est donc impor­tant de res­pec­ter les doses et les condi­tions d’ap­pli­ca­tion recommandées.

- impact des sub­stances natu­relles : cer­taines sub­stances natu­relles uti­li­sées en bio­con­trôle peuvent avoir un impact sur la qua­li­té de l’eau, notam­ment sur les orga­nismes aqua­tiques. Des études éco toxi­co­lo­giques sont néces­saires pour éva­luer ces risques.

 

Une solution plus durable, mais qui nécessite vigilance

Le bio­con­trôle repré­sente une solu­tion plus durable pour la pro­tec­tion des cultures, avec un impact envi­ron­ne­men­tal glo­ba­le­ment plus faible que les pes­ti­cides de syn­thèse. Cepen­dant, il est impor­tant de res­ter vigi­lant et d’é­va­luer les risques poten­tiels pour la bio­di­ver­si­té, les éco­sys­tèmes et la qua­li­té de l’eau. Le bio­con­trôle doit s’ins­crire dans une approche glo­bale de ges­tion inté­grée des rava­geurs, asso­ciant dif­fé­rentes méthodes de lutte pour une agri­cul­ture plus res­pec­tueuse de l’environnement.

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