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Derrière Hectar, une certaine vision de l’agriculture ?

Demain, dans les champs, tablette à la main, l'agriculture selon Xavier Niel, derrière l'École 42 et Hectar ? © AdobeStock

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Pour l’ins­tant, on trouve peu d’in­for­ma­tions sur le site www.hectar.co. « Hec­tar se pré­pare » et « Le plus grand cam­pus agri­cole du monde va ouvrir ses portes. » Rien que ça !

Hec­tar, c’est un pro­jet dont Xavier Niel, fon­da­teur de Free et de l’É­cole 42 (qui forme des infor­ma­ti­ciens sur un modèle inno­vant : par la pra­tique entre pairs bien plus que par la théo­rie), est action­naire à 49 %.

 

Situé à Lévis-Saint-Nom, dans les Yve­lines, Hec­tar est une ferme de 600 hec­tares, dont 270 culti­vés (elle devrait héber­ger éga­le­ment 27 vaches nor­mandes), qui devrait accueillir ses pre­miers étu­diants à la ren­trée 2021…  Sont annon­cés des cultures bio, des bois, des friches et des champs en conver­sion biologiques.

Cette école devrait être gra­tuite et ouverte à tous. Son objec­tif serait de for­mer envi­ron 2 000 étu­diants à la reprise d’ex­ploi­ta­tions et à l’agriculture.

 

C’est Audrey Bou­rol­leau, l’an­cienne conseillère en agri­cul­ture du pré­sident Emma­nuel Macron, qui est à l’origine de ce pro­jet dont elle détient la moi­tié du capi­tal (l’autre appar­te­nant donc à la socié­té per­son­nelle de Xavier Niel).

L’homme d’af­faires fran­çais inves­tit dans le déve­lop­pe­ment d’al­ter­na­tives à la viande depuis plu­sieurs années. Les syn­di­cats agri­coles ne cachent pas leur manque d’en­thou­siasme et inter­rogent l’i­déo­lo­gie sous-jacente der­rière ce pro­jet, ain­si que « la finan­cia­ri­sa­tion de l’a­gri­cul­ture à outrance » (voir enca­dré ci-dessous).

 

On peut aus­si se ques­tion­ner sur le fait que, de plus en plus, c’est le pri­vé qui prend en charge la for­ma­tion, en lieu et place de l’É­tat. Quelle garan­tie, demain, pour la diver­si­té des pro­duc­tions ? On sait éga­le­ment que l’homme d’af­faires cherche à inves­tir dans la dis­tri­bu­tion ali­men­taire. Xavier Niel sou­hai­te­rait-il contrô­ler de l’a­mont à l’aval ?

Pro­grès ou risques incon­si­dé­rés ? Et vous, qu’en pen­sez-vous ? Réagis­sez dans les commentaires !

Les syn­di­cats, pas trop pour

Dans un com­mu­ni­qué, la chambre d’A­gri­cul­ture de région Île-de-France, la FDSEA et les Jeunes agri­cul­teurs d’Île-de-France s’in­ter­rogent sur cette ferme-école : « Nous avons accueilli dans notre région, sur la com­mune de Lévis-Saint-Nom, le pro­jet d’installation en agri­cul­ture d’Au­drey Bou­rol­leau-Alber­ti, ancienne conseillère du Pré­sident de la République.

Il s’agit d’un pro­jet indi­vi­duel d’entreprise, modèle auquel nous sommes atta­chés, qui peut consti­tuer un signal posi­tif d’attractivité du sec­teur agricole.

Nous refu­sons en revanche que le renou­vel­le­ment des géné­ra­tions, enjeu cru­cial pour l’avenir de notre agri­cul­ture fami­liale, soit la pro­chaine vic­time d’une finan­cia­ri­sa­tion à outrance. Le magnat des télé­coms Xavier Niel théo­rise et concep­tua­lise l’agriculture ; nous, agri­cul­teurs fran­ci­liens, la fai­sons exis­ter. La créa­tion d’une école d’agriculture appe­lée ”Hec­tar”, fruit d’une col­la­bo­ra­tion entre Xavier Niel et Audrey Bou­rol­leau-­Al­ber­ti, consti­tue un renon­ce­ment pour notre agri­cul­ture, forte de sa diversité.

De nom­breuses for­ma­tions agri­coles diplô­mantes, publiques ou pri­vées sous contrat d’association avec l’État, existent déjà dans notre région et dans les Yve­lines. Nous y sommes atta­chés et leur fai­sons confiance pour pré­pa­rer les agri­cul­teurs, conseillers et sala­riés agri­coles de demain.

For­mer gra­tui­te­ment, sans recon­nais­sance et droit de regard de l’État sur les pro­grammes, est-ce dans l’intérêt et au ser­vice d’une repré­sen­ta­tion juste de l’agriculture française ?

Lais­ser un défen­seur du Réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive par­ta­gée (Rip) éle­vage, aux pos­tures si dog­ma­tiques, for­mer nos futurs agri­cul­teurs est-il com­pa­tible avec un ensei­gne­ment agri­cole neutre, fon­de­ment de notre Répu­blique et garant de la diver­si­té agricole ?

Nous nous inter­ro­geons donc sur la fina­li­té idéo­lo­gique de ce pro­jet de ferme-école.

Nous fai­sons confiance à l’État et à ses ser­vices pour enca­drer régle­men­tai­re­ment la for­ma­tion dis­pen­sée par cet établissement. »

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