La verse est un effet connu des orages et tempêtes. Les tiges des céréales matures sont plus sèches et donc plus cassantes à l’approche de la moisson. Les agriculteurs trouvent des champs où la verse fait des ravages (avec des effets néfastes sur la qualité et le rendement des récoltes).
Ainsi, pressé par son conseiller agricole – mais aussi par le vendeur du Truffaut du coin – de lutter contre la verse dans ses champs de blé, Alban Bou, céréalier sur 270 hectares dans la Beauce, a décidé de tuteurer l’intégralité de ses champs « même si cela représente vraiment beaucoup de tuteurs et vraiment beaucoup de travail ». Il a donc demandé à ses deux salariés, payés au lance-pierre, à son père, retraité depuis trente-sept ans et donc pas payé, à son épouse, pas payée, à ses deux fils, pas payés non plus, et à ses trois petits-enfants, « qui admirent tellement leur papi, même aujourd’hui alors qu’ils ont 33, 32 et 29 ans », de lui prêter main-forte pour mettre en place une technique audacieuse : pendant plusieurs jours, les dix courageux se sont appliqués à enfoncer dans le sol, à côté de chaque pied de blé, un petit tuteur de bois et à y attacher la tige jaune et sèche au moyen d’un petit tortillon comme ceux qui servent à fermer les sachets de congélation.
Et quand les tuteurs sont venus à manquer, ce sont des tiges de bambou qu’ils ont utilisées, suivant le même procédé ingénieux. Quand les tortillons ont manqué, ce sont sur les ficelles de presse à balle ronde qu’ils se sont rabattus : « Mais elles glissent un peu. C’est difficile de faire des nœuds avec. »
Alban témoigne : « À 250 pieds de blé par mètre carré, cela fait environ… » Il compte sur ses doigts, fronce les sourcils en réfléchissant puis lève les yeux au ciel et complète : « Ça fait vraiment beaucoup de tuteurs, vraiment beaucoup de tortillons et vraiment beaucoup de travail ! »
Après quatorze jours de travail et un demi-hectare tuteuré, Alban ne baisse pas les bras : « À ce rythme-là, dans moins de vingt ans nous aurons terminé. Je suis plutôt confiant et fier de mon idée ! » Assurément, cela représente vraiment beaucoup de tuteurs, vraiment beaucoup de tortillons et vraiment beaucoup de travail. Quant à la résistance aux intempéries et à la verse… ces jours-ci, il fait vraiment très beau !
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