« On dira ce qu’on veut, sourit Jules, il fait le job. » Ses camarades acquiescent. Les cinq hommes sont installés autour de la table, au fond de la cour de la ferme de Jules, dans le village de Charente-Maritime où ils ont tous grandi. Il y a là Ambroise, Robert, Charles, Jean, ainsi que leurs épouses. Ce dîner du mercredi soir, c’est leur rituel hebdomadaire, sauf si l’un d’eux rencontre une urgence à la ferme. Dans ce cas, on peut être certain que les quatre autres viendront rapidement lui prêter main-forte, car une vraie solidarité existe entre eux.
Il faut dire qu’en quatre mois, depuis ses vœux aux agriculteurs au cours desquels il avait effectué un mea culpa politique sans précédent, promis de consulter les professionnels de l’agriculture sur les mesures à prendre dès lors qu’ils sont concernés, et affirmé qu’il ferait en sorte que l’Europe aide la France en ce période de famine, le ministre n’a pas ménagé sa peine.
Passant allègrement de consultations professionnelles sur les pratiques agricoles et l’agroécologie à des référendums de plus grande ampleur sur comment les Français imaginent leur alimentation, le ministre a occupé l’espace. Il a également engagé un grand plan d’évaluation et d’utilisation des biosolutions, signifié qu’il souhaitait voir abolie la loi Pompili 7 (voir notre Fiction Partie 1) avant la mi-2030 et travaillé au niveau européen pour faire rentrer au plus vite, sur le territoire, des aliments à des prix accessibles.
Charles renchérit sur les propos de son camarade : « Vous imaginez, il a déjà réussi à faire modifier les programmes scolaires. Mes enfants sont en train d’être sensibilisés à la place de l’agriculture et des agriculteurs dans le monde qui les entoure ! »
Jean est plus dubitatif. Il ne peut s’empêcher de penser que c’est en 2025 et avant que le ministre aurait dû agir. Mais Jean est pessimiste. C’est ce que lui dit Robert, qui est convaincu que la situation va s’améliorer, à la fois pour le pays et pour les agriculteurs.
Ambroise, lui, adore les campagnes de publicité qui passent dans les médias. L’agriculture remise au centre des préoccupations de tous, avec un message positif et didactique, pour faire changer les mentalités et faire comprendre les enjeux globaux : « Pourquoi personne ne l’a fait avant ? »
À suivre…