On a tous vécu « ce fameux dîner » au cours duquel on a le « plaisir » d’échanger avec des gens qui ont un avis sur les agriculteurs et l’agriculture mais… qui n’y connaissent rien ! Aujourd’hui, « j’ai un voisin qui… »
Smoking
Elle était assise à ma droite. J’avais déjà parlé avec elle. Je savais qu’elle n’était pas une flèche, mais il fallait faire avec. Et la conversation s’est portée sur… l’agriculture.
« Il faut interdire aux agriculteurs de traiter », soutint-elle.
Je lui expliquai qu’en l’état des choses, pour nourrir la population et sécuriser les cultures, on ne peut pas arrêter du jour au lendemain (est-ce d’ailleurs souhaitable ?). J’ai ensuite ajouté qu’en plus, les agriculteurs sont loin de faire n’importe quoi : ils répondent à des obligations légales et à des cahiers des charges, ils sont dirigeants d’entreprise, sans oublier toutes les responsabilités financières et réglementaires qui pèsent sur eux et, sûr de moi, j’ai évoqué les fenêtres météo des applications et leur maîtrise de la dérive. Quelle erreur !
De la même façon que les racistes qui s’en défendent ont tous un ami de couleur, elle connaissait quelqu’un dont le voisin, agriculteur, traitait n’importe quand, même par grand vent, près des habitations et avec des produits dangereux.
Ce qui m’a le plus ébahi, c’est qu’elle était sûre que tous les agriculteurs agissent ainsi, sans discernement. Elle était convaincue que les produits utilisés étaient dangereux (avait-elle été mettre son nez dans la cuve ?). Elle était persuadée que l’histoire était vraie. En bref, elle ne doutait de rien.
Et comme on dit : « Rien n’est plus dangereux que la certitude d’avoir raison. »
Je me suis resservi en plat de résistance. J’ai tourné la tête de l’autre côté. Ma voisine de gauche présentait beaucoup plus d’intérêts…
No smoking
Des gens qui parlent sans savoir, j’en ai rencontré des dizaines, que ce soit au cours de repas de famille ou entre amis. Et la situation est finalement toujours la même. Aujourd’hui, je remets l’église au centre du village, car ne rien dire c’est leur donner raison à coup sûr.
Lorsque je leur demande s’ils savent faire la différence entre un blé et une orge, lorsque je leur demande s’ils ont une paire de bottes qu’ils utilisent pour aller dans les champs, et lorsque je leur demande de quand date leur dernier tour de plaine, la réponse est, bien entendu, toujours la même : euhhh (ils ne savent pas)… c’est un ami qui me l’a dit… je l’ai vu à la télé… je l’ai lu dans le journal… ou, j’ai un voisin qui…
Ma proposition, elle aussi, est toujours la même : Est-ce que vous voulez que je vous explique comment ça se passe concrètement dans les champs, dans la nature ?
Si elle ne fait pas forcément changer d’ avis, une écoute légitime apporte des réponses concrètes et réalistes. Car ce qui importe, au final, c’est d’agir pour le bien de l’agriculture.
Et vous, parvenez-vous à rester constructif lors de vos dîners ?
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