Le gouvernement espérait voir diminuer le Nodu lors de sa mise en place, en 2007, au moment du plan Écophyto. En dix ans, il n’a quasiment fait qu’augmenter, passant de 76 millions en 2008 à 94,2 millions en 2017. Cependant, pour juger de la diminution des applications de phytos, le Nodu n’est pas l’indicateur ultime. Voici pourquoi.
Le Nodu, ou « nombre de doses unité », est calculé à partir du nombre de doses de traitements moyens de produits phytosanitaires appliqués chaque année, en agriculture, à l’échelle nationale sur la surface utile. Les données utilisées pour le calculer proviennent des ventes de distributeurs de produits phytopharmaceutiques.
Mais attention, il existe des limites. Ainsi, substituer une substance active à une autre, utilisable à une dose plus faible, ne rentre pas en jeu car la quantité à appliquer correspond à une dose unité (le « DU » de Nodu) propre à la substance en question.
Si on rapporte à la SAU, le Nodu UA permet d’établir le nombre moyen de traitements par hectare.
Si les chiffres obtenus pour le calcul du Nodu sont intéressants en termes d’analyse, on peut toutefois noter quelques limites qui expliquent pourquoi il convient de prendre cet indicateur avec des pincettes.
Pour calculer le Nodu, les quantités vendues au cours de l’année sont prises en compte, mais pas celles appliquées. Car ce qui est vendu n’est pas forcément appliqué, notamment si les parcelles n’ont pas besoin d’être traitées. La fiabilité de l’indice s’en trouve affaiblie. C’est pourquoi il convient plutôt de le regarder sur plusieurs années.
De plus, des disparités régionales existent. Elles montrent qu’il n’est pas possible de généraliser. Ainsi, on traite plus en vigne, les régions viticoles sont donc moins Nodu-performantes.
C’est la Banque nationale des ventes de produits phytopharmaceutiques par les distributeurs agréés (BNV‑d) qui permet d’obtenir les données de vente des produits phytos. Elle est alimentée par les déclarations des bilans annuels des ventes auprès des agences de l’eau, afin que celles-ci puissent fixer la redevance pour pollutions diffuses (loi sur l’eau de 2006). Ces données de ventes peuvent être ajustées par les distributeurs pendant trois années. Les chiffres utilisés pour calculer le Nodu ne sont donc définitifs qu’au bout de trois ans.
Certaines années, on pourra constater une baisse forte de l’usage des phytos, et donc du Nodu, car la pression parasitaire est faible. À l’inverse, si les conditions sont défavorables, les agriculteurs peuvent être amenés à traiter plus pour lutter contre la pression parasitaire, ce qui donnera un moins bon Nodu. S’il est calculé annuellement, il convient, là encore, de le prendre en compte sur plus long terme.
Nombre de produits phytopharmaceutiques sont autorisés pour de larges usages. Par conséquent, les ventes (et donc le Nodu) ne peuvent pas être reliées à toutes les filières qui utilisent ces produits.
Deux points essentiels manquent. Ainsi, les semences traitées ne sont pas prises en compte dans le calcul du Nodu. Et, surtout, il n’existe pas de Nodu version biocontrôle.
Le Nodu n’est pas l’indicateur idéal selon les professionnels représentés par l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), qui rappelle que le nombre de substances actives utilisées dans les champs a fortement diminué. On est ainsi passés de 425 à 352 en 2008. Aujourd’hui, parmi les substances utilisées, dont le nombre continue de se réduire, on compte 250 produits de biocontrôle !
Enfin, dans les années 1990, 110 000 tonnes environ étaient déversées dans les champs, contre environ 60 000 tonnes aujourd’hui. Cette baisse de presque 50 % montre le chemin parcouru.
Pour apprécier les progrès effectués, il n’y a donc pas que le Nodu dans la vie des agris ! À la #PositiveProduction, on s’en réjouit.
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